ARIANEGROUP FACE AU NEWSPACE UN SURSAUT NECESSAIRE


Début février, le lancement de Falcon Heavy est suivi d’une conférence de presse d’Elon Musk en tee-shirt et ce succès est abondamment commenté sur les réseaux sociaux dans le monde entier. Les articles de presse pleuvent, citons-en quelques-uns :

  • « Pari réussi pour la Falcon Heavy de SpaceX » ;
  • « Ariane satellisée par SpaceX » ;
  • « L’Europe spatiale prend du retard » ;
  • « Comme SpaceX, il faut mettre de la folie dans l’industrie » ;
  • « Pourquoi la France est en train de perdre la bataille du NewSpace » ;
  • « Entrepreneur de génie ou roi de la com’, qui est vraiment Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX ? ».

Le groupe de réflexion français « Institut Montaigne » a publié à l’automne dernier un rapport intitulé « Espace, l’Europe contre-attaque ? » dans lequel il dresse de sombres perspectives si la filière spatiale européenne ne change pas de braquet.

Parallèlement, les responsables européens rappellent inlassablement qu’Ariane 6 est la bonne réponse pour les années qui viennent. Pour la CFE-CGC, il est trop tard pour se poser des questions sur la remplaçante d’Ariane 5 ; il faut y aller et vite.

Les salariés se questionnent

Ce coup (de com ?) sur la tête n’est certainement pas étranger à la déstabilisation de la filière Européenne menée outre-Atlantique. L’enjeu n’est pas qu’industriel, il est aussi géopolitique car il y va du leadership sur l'échiquier mondial. Il s’ajoute cependant à l’arrêt du projet Sparrow qui était plus qu’un micro lanceur : un incubateur d’idées novatrices.

Toutes les catégories socioprofessionnelles d’ArianeGroup se posent des questions sur l’avenir de la société.

Nous ne voyons pas comment nous rattraperons le retard pris, à moins que …

Redonner du sens à notre métier

La CFE-CGC ne dira pas quel doit être le lanceur « post Ariane 6 » car nous n’en avons ni la compétence ni la prétention. Nous constatons le défi à relever, nous le mettons en avant depuis des années. C’est pour cela que nous soutenons depuis le début la création d’ArianeGroup tout en regrettant que l’Europe ait réagi avec plusieurs années de retard.

La CFE-CGC affirme aussi que, s’il est nécessaire de réorganiser rapidement ArianeGroup pour la rendre plus compétitive, cela sera insuffisant si nous ne retrouvons pas cette part d’audace et d’innovation que certains appellent « folie créatrice ».

Dans ArianeGroup on parle de « supply chain », « processus », « ERP », « PLM », … C’est essentiel mais n’en parle-t-on pas trop ? Cela ne fait rêver personne et on perd le sens de notre métier. Cela tue les idées et l’innovation. Cette instrumentalisation systémique anesthésie notre capacité à imaginer les solutions pour exister demain : au lieu d’innover et de penser la fusée de demain, on passe trop de temps à travailler sur les outils et processus. Pendant ce temps nos concurrents vendent des réservations pour des voyages sur Mars ou se payent le luxe de faire le show en envoyant une voiture dans l’espace.

La CFE-CGC refuse de baisser les bras

Nous ne nous résignons pas car notre entreprise a de nombreux atouts, à commencer par les compétences humaines et notre outil industriel. Nous croyons dans le projet de notre société mais nous avons la désagréable impression qu’ArianeGroup n’arrive pas à sortir de ce corps de « gestionnaire timoré » pour endosser celui d’entrepreneur. Un entrepreneur qui innove, prend des risques, connait des échecs, fait émerger des solutions non conventionnelles. Un entrepreneur qui valorise ses salariés et les entraine à se dépasser pour LE projet.

La CFE-CGC le redit : on ne construit pas un projet d’entreprise avec pour principal objectif de réduire les coûts de 40% même si c’est vital.

La CFE-CGC ne sait pas si le réutilisable est LA solution. Ce que nous constatons c’est que notre R&T se cale sur nos concurrents … plus de 5 ans après. Le temps perdu ne se rattrape jamais. Pourtant des idées alternatives existent et l’ESA ainsi que le Gouvernement Français incitent les start-up du spatial ; allons-y, travaillons avec elles !

Elément très positif, les prévisions indiquent un triplement du marché d’ici les 20 prochaines années ; saisissons les opportunités !

Un sursaut nécessaire

Des sociétés leader sur leur marché, incapables de prendre en compte la nouvelle donne, ont disparu : Kodak (appareils photos) ou Nokia (téléphones portables) en sont deux exemples. Personne n’est invincible et ArianeGroup est bien une entreprise comme les autres. Faut-il le démontrer aux sceptiques ? Disons seulement qu’Arianespace vient de perdre son rang de numéro un mondial.

⇒ La CFE-CGC appelle la communauté spatiale européenne, et plus particulièrement ArianeGroup et les décideurs français, à un SURSAUT :

  • Simplifier (assez de règles), décloisonner (chacun agit pour tous), moderniser notre entreprise (entrainer toutes les générations de salariés) ;
  • Oser innover, inciter à la prise de risques, promouvoir des incubateurs de start-up ;
  • Simplifier la répartition Européenne des activités spatiales, encore trop morcelée ;
  • Instaurer un mécanisme de préférence Européenne comme le font nos concurrents à leur profit ;
  • Attirer des investisseurs privés car l’espace n’est plus le domaine réservé des Etats.

NOS ACTIVITES DE DEFENSE (1/3 DE NOTRE CHIFFRE D’AFFAIRES) NE SUFFIRONT PAS A MAINTENIR NOS EMPLOIS
SI NOUS MANQUONS LE VIRAGE QUE NOUS IMPOSENT LES GAFAM* ET LE NEWSPACE

* : GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft

27 FEVRIER 2018