ARIANEGROUP : SITUATION DIFFICILE MAIS …


… pas désespérée. C’est ce qui ressort de la dernière réunion du CSE Central au cours de laquelle la stratégie de la société a été présentée, et tous les paramètres (carnet de commandes, chiffre d’affaires, effectifs, investissements, …) passés en revue

Concurrence effrénée – Situation économique difficile

Les infos données fin 2018 et à l’origine des -2300 sont confirmées :

carnet de commandes et chiffre d’affaires en dégradation constante
diminution du plan de charge de près de 30% sur 4 ans ; -3 millions d’heures de travail par an

Aucun établissement n’échappe à cette érosion des effectifs internes qui, à l’échelle d’ArianeGroup, atteint -20% sur cette même période.

En cause ? Guerre des prix des lancements Civils orchestrée par les américains d’une part, Diminution du marché des satellites géostationnaires d’autre part.

Heureusement que les activités Défense (50% de notre plan de charge) sont un socle d’activités stable.

La CFE-CGC constate que cette diminution d’effectifs est à mettre en regard d’une pyramide des âges plutôt élevée et de démissions en augmentation. D’ailleurs la Direction a confirmé qu’il n’y aura pas de plan de suppression d’emplois ni de fermeture d’établissement ; au contraire, il faudra recruter environ 600 personnes sur les 3 ans à venir pour passer la charge.

En revanche, la répartition des salariés par métier va sensiblement évoluer, d’où l’augmentation des mobilités internes (avec pour corollaire le maintien des compétences qui, dans certains métiers, est critique).

Une stratégie qui semble claire et pertinente au regard des enjeux et de nos moyens

Tout le monde se réjouit des conclusions de la Ministérielle de Séville. Mais l’augmentation du budget global ne doit pas cacher l’essentiel : nous ne luttons pas à armes égales avec notre principal concurrent (SpaceX) qui vend ses lancements institutionnels au double du prix pour pouvoir brader ses lancements commerciaux, allant jusqu’à capter des clients historiques d’Arianespace. Par ailleurs, le modèle intégré de SpaceX ‘lanceurs-satellites-services’, différent de celui d’ArianeGroup, ne génère de bénéfices que sur les services au sol ; quel le vrai prix d’un lancement SpaceX ?

Les pays Européens sont-ils prêts à payer leurs lancements institutionnels au double du prix actuel pour qu’ArianeGroup puisse capter des lancements commerciaux et ainsi maintenir sa charge ? Nul ne le sait mais, ce dont la CFE-CGC est convaincue, c’est qu’ArianeGroup agit auprès de tous les décideurs institutionnels et politiques pour que nous sortions de cette compétition mortifère. La CFE-CGC agit aussi de son côté auprès des politiques et du gouvernement français que nous rencontrons régulièrement.

Concernant Avio, nous observons un changement salutaire de braquet de la part de la Direction ; elle agit auprès de l’Etat italien en lui expliquant qu’Avio a plus à perdre qu’à gagner s’il voulait faire cavalier seul. Dit autrement, ArianeGroup, après des années à subir, n’hésite plus (preuves à l’appui) à afficher des positions plus dures que celles que nous avons connues ces 20 dernières années dans nos sociétés d’origine et dont nous subissons aujourd’hui les conséquences. Espérons que cette opiniâtreté portera ses fruits.

La Ministérielle de Séville a aussi débouché sur le projet « New deal for launcher », confié à ArianeGroup. Il s’agit de proposer une organisation industrielle plus verticalisée, de réduire encore les interfaces, et de mettre un terme au sempiternel yo-yo du retour géographique. A suivre donc …

Clarté et Pragmatisme

Quand certains observateurs prédisent une réduction par 4 des coûts d’accès à l’espace sur la prochaine décennie, il est nécessaire d’avoir une Direction qui se projette au-delà des difficultés du moment pour penser et promouvoir ce qui nous fera vivre plus tard.

Les élus CFE-CGC au CSE Central ont senti une Direction qui semble avoir une stratégie claire et pragmatique, plus ferme vis-à-vis de ses interlocuteurs, et (enfin !) ouverte au marché du NewSpace soutenu par les GAFA (Google ; Amazon ; Facebook ; Apple). C’est ce que nous attendions d’elle !

Deux bémols

Produits, Equipements et Services (PES) : nous ne connaissons toujours pas les intentions de la Direction concernant le devenir de ces activités ; il faudra bien qu’elle affiche la couleur dans les prochains mois.

Organisation : le déploiement de la stratégie définie par la Direction Générale nécessite une organisation fluide, réactive et collaborative. La CFE-CGC doute qu’ArianeGroup dispose de ces qualités quand on voit par exemple comment la réorganisation de JOP/JTQS (Achats) a été conçue en mode « chacun pour soi » avec des secteurs concernés qui ne se sont pas coordonnés lors de la conception du projet (silos étanches).

9 MARS 2020