ON PREND LES MÊMES ET ON RECOMMENCE ?


Il y a près de 3 ans (8 décembre 2017), le projet de mini-lanceurs Sparrow était stoppé net par ArianeGroup
après avoir vécu durant seulement une petite année et demie !

Sparrow : l’occasion manquée

Arrêt d’un programme dans lequel les salariés étaient motivés pour faire croître ArianeGroup dans ce marché en devenir.

Malheureusement, ArianeGroup ne séduit pas, ne parvient pas à convaincre des partenaires pour l’accompagner dans le développement de ce mini-lanceur, en raison notamment de coûts récurrents comme non récurrents trop élevés mais surtout ArianeGroup estime qu’il n’y a pas de marché sur ce secteur (!).

Sparrow nous aurait obligés à travailler autrement qu’« à l’ancienne » comme nous le faisons actuellement sur Ariane 6. L’histoire jugera de la pertinence et de la portée de ce choix stratégique.

Aujourd’hui … l’ESA finance 3 projets de mini lanceurs !

Que s’est-il passé depuis ?

Dans ce laps de temps, de nombreux projets de mini-lanceurs voient le jour dans le monde (dont RocketLab pour la Nouvelle-Zélande), mais aussi en Europe et notamment en Allemagne.

L’Allemagne a compris que, comme les start-ups le sont pour les technologies de l’information et d’autres industries, le NewSpace est devenu un élément essentiel de développement de l’industrie du spatial. Aujourd’hui, l’ESA sponsorise des start-up allemandes spécialisées dans le domaine des mini-lanceurs (HyImpulse, ISAR Aerospace, RocketFactoryAugsburg). L’espace est devenu une véritable priorité pour l’Allemagne. Pour preuve, depuis la conférence ministérielle de fin 2019, l’Allemagne est le premier pays contributeur/investisseur avec 3,3Md€. L’Allemagne a pour ambition de créer une industrie forte dédiée à l’espace afin de se donner les moyens de peser et devenir un leader dans celle des mini-lanceurs.

Faut-il rappeler que SpaceX a débuté son histoire avec une petite fusée appelée Falcon1 puis a augmenté la capacité d’emport avec Falcon9 pour aboutir à FalconHeavy et Starship…et bien d’autres à venir ? Car SpaceX, a su se donner les moyens d’écrire l’histoire.

Pendant ce temps, entre les retards accumulés par ArianeGroup sur Ariane6 et les quelques lancements Ariane5 restants, le ciel s’obscurcit pour ArianeGroup …. D’ailleurs 2021 débutera avec de l’Activité Partielle Longue Durée.

La CFE-CGC se  répète mais :

  • il est nécessaire quAriane6 soit compétitive sur les lancements commerciaux
  • il faut absolument que l’Europe soutienne notre filière comme le fait l’administration U.S.

Sans quoi nous en serons réduits au M et aux seuls lancements institutionnels, avec un coup de rabot dramatique pour l’emploi (estimation = destruction d’un emploi sur deux).

Et nous savons que cela ne suffira pas ; espérons que la constellation Kuiper (Amazon) embarque à bord dAriane6.

Imaginons le scenario du pire

Que se passerait-il en 2022 si Ariane6 n’était pas prête à temps ? Nous supposons qu’un report ne pourrait pas être recevable par l’ESA. Pendant ce temps-là, l’Italie et l’Allemagne auront fait leur bout de chemin pour mieux barrer la route à ArianeGroup.

ArianeGroup a voulu prendre son destin en main en 2015 face à l’ESA en expliquant qu’elle était la seule à pouvoir produire le futur lanceur Ariane. Dont acte ! Sauf qu’aujourd’hui en 2020, les finances manquent, les soucis techniques se font jour, et nos processus sont toujours aussi chronophages …

Depuis toutes ces années, la CFE-CGC a le sentiment qu’ArianeGroup a toujours été à contre-courant quant à la stratégie à mener sur le marché des lanceurs civils.

Circonstance aggravante, la Direction ArianeGroup fait le constat de ses lenteurs mais sans en tirer les leçons.

La CFE-CGC estime nécessaire de remettre profondément en cause notre approche du marché : ce nest pas une « simple » réorganisation dans le mode « on reprend les mêmes et on recommence » qui permettra à ArianeGroup de (re)décoller et écrire l’histoire spatiale de son empreinte. 

24 NOVEMBRE 2020