QUE PEUVENT L’EUROPE ET SON İNDUSTRİE SPATİALE FACE À JOE BİDEN ET Xİ JİMPİNG ?


Depuis une décennie, les Etats-Unis et la Chine se sont lancés dans un combat pour la domination mondiale, un combat qui s’est durci depuis 3 ans.
Cette rivalité se traduit par un double affrontement : tant sur le plan stratégique et militaire sur terre et dans l’espace, que sur le plan économique et numérique.

L’Europe prise en étau entre les grandes puissances mondiales

Dans ce double affrontement, l’Europe est doublement absente : sans vision stratégique commune ni politique solide face à ces deux géants, et sans GAFAM sur le plan économique.

Dans le domaine du spatial, la Russie, la Chine et les États-Unis sont, à ce jour, les seuls pays au monde à avoir maîtrisé l'envoi d'hommes dans l'espace. Le projet européen d’Ariane 5 initial le prévoyait aussi, via une navette spatiale européenne : Hermès. Mais le projet a été abandonné ... Déjà une occasion manquée ? (Cf. newsletter CFE-CGC du 24 novembre sur les micro-lanceurs)

L’espace est devenu un enjeu militaire et économique

Militaire : dès 1983 avec l’annonce du projet de bouclier spatial  « guerre des étoiles » de Ronald REAGAN, repris en 2018 par Donald TRUMP pour protéger les satellites américains d’éventuelles attaques chinoises ou russes. De son côté la Chine réussit en 2007 la destruction d’un de ses satellites en orbite à l’aide d’un missile. Aujourd’hui l’arme antisatellite pressentie est le laser (avec CILAS en bonne position).

Économique : en 2020 les États-Unis ne considèrent plus l’espace comme un « bien commun mondial » et promulguent un décret qui reconnaît le droit des entreprises privées américaines à revendiquer des ressources dans l’espace.

L’Europe spatiale semble déconnectée de ces réalités

Sur le plan militaire, la France est la seule à avoir créé un Commandement De l'Espace (CDE) le 8 septembre 2019, afin de « disposer d’une défense spatiale renforcée » et d'une autonomie stratégique spatiale …

Or c’est à l’Europe, toute entière, de prendre son destin en main.

Pour la CFE-CGC, tant que nos pouvoirs politiques n’auront pas pris conscience de l’impérieuse nécessité d’être à la hauteur de toutes les autres grandes puissances spatiales de ce monde et que l’agence de référence (ESA) ne permettra pas à sa filière Lanceurs de vivre, de se consolider et de se développer, au moins en termes de technologies, comme en Chine, en Inde et au Japon, sans parler des deux acteurs « historiques » que sont les États-Unis et la Russie, nous serons en danger aussi bien en tant qu’entreprise qu’en tant qu’Etat.

Cette prise de conscience doit aller au-delà du simple soutien. Notre filière doit, avant toute chose, être voulue par tous les états de la Communauté Européenne ⇒ c’est le choix entre devenir partenaire d’un projet spatial commun, ou endosser le rôle de vassal passif et dépendant du bon vouloir d’une puissance étrangère.

L’Europe n’est pas protégée et ne se protège pas !

Bien au contraire elle est devenue le terrain d’affrontement des Géants.

Cela fait plus de 75 ans que les États-Unis tentent d’empêcher tout ce qui pourrait ressembler à des Etats-Unis d’Europe. BIDEN ne sauvera pas l’Europe. BIDEN ne protègera pas la filière spatiale européenne. Bien au contraire, pour ne pas être dépassé par la Chine, il est préférable de tuer un concurrent. Le processus d’élimination d’ArianeGroup est en cours, avec les subventions scandaleusement accordées à SpaceX (200M$ pour un tir institutionnel vs 45 à 60M$ pour un tir commercial).

Et pendant ce temps, en Europe :

  • La Commission Européenne interdit la fusion entre Siemens et Alstom et les désarme face à la concurrence du géant chinois du rail CRRC
  • Le satellite Sentinel 6 développé par l’ESA est confié à SpaceX !

Détruire un emploi sur deux ?

Devons-nous nous résoudre à imaginer que, finalement l’Europe ne nous désire pas en tant qu’architecte et fabriquant du lanceur lourd européen ? Et qu’elle préfère sponsoriser des start-up ?

Cela nous condamnerait à nous recroqueviller sur nous-même et sur notre Core-business, avec les conséquences sociales que l’on imagine : la CFE-CGC estime que nous replier sur le M et quelques vols institutionnels avec Ariane conduirait ArianeGroup à détruire un emploi sur deux : NOUS LE REFUSONS !

A l’image du plan de relance européen, la CFE-CGC appelle à une nouvelle phase de reconstruction de la politique spatiale européenne, jetant les bases d’une politique stratégique, scientifique et économique ambitieuse, et s’appuyant, s’il le faut, sur un noyau dur d’une dizaine de pays pour sauver :

NOTRE INDÉPENDANCE

L’AVENIR DE NOTRE FILIÈRE SPATIALE

NOUS, NOTRE FUTUR, NOS EMPLOIS

L’Europe le voudra-t-elle, NOUS voudra-t-elle ?

30 NOVEMBRE 2020