ARIANEGROUP AU PIED DU MUR


Lundi 14 juin le CEO André-Hubert ROUSSEL a rencontré les organisations syndicales d’ArianeGroup pour leur annoncer une mauvaise nouvelle que nous pouvons résumer de la façon suivante :

« La dégradation de notre plan de charge pour les 4 à 5 ans à venir
nécessite d’accélérer la décroissance des effectifs pour mettre en adéquation charge et capacité
 »

Cette annonce n’est – hélas – pas une surprise :

  • Depuis plusieurs années nous faisons face à des contraintes structurelles et à une accumulation de non décisions face à ce NewSpace qui nous surclasse
     
  • Nous sommes au pied du mur

Nous pourrions commenter à l’infini Bruxelles et sa doctrine ultra-libérale qui ne défend pas son industrie, l’Europe dont on se demande quelle est son ambition, ArianeGroup qui a commis l’erreur d’arrêter Sparrow, ou encore le fait que personne n’ait pris au sérieux ni Elon Musk ni les multiples acteurs du NewSpace. Les tracts CFE-CGC de ces dernières années en attestent.

ArianeGroup traverse une situation difficile. Il nous faut maintenant passer l’orage en atténuant l’impact social et en préservant notre capacité à rebondir le moment venu.

Mais rien n’est définitif :

  • Nous ne sommes pas à l’abri d’une amélioration de la situation, notamment à l’issue de la prochaine conférence des Ministres de l’Espace fin 2022 que nos collègues préparent activement
     
  • La CFE-CGC veut croire au sursaut et considère que l’effectif de 5000 emplois [salariés + assistants techniques] annoncés pour fin 2025 correspond à la version pessimiste du plan de charge

Un besoin d’informations factuelles et des incontournables à respecter

La Direction compte négocier en septembre un plan d’accélération des départs ; ce délai doit être mis à profit pour nous y préparer.

La CFE-CGC pose dès à présent les points incontournables suivants :

  • Un diagnostic précis de notre plan de charge et de son impact économique devra préalablement être partagé entre la Direction et les organisations syndicales
     
  • Le dispositif d’aide aux départs devra comprendre des rendez-vous périodiques pour comparer les prévisions de plan de charge du moment avec celles retenues lors de sa négociation ; cela permettra d’ajuster ce plan et, si la situation s’améliore, limiter la diminution des effectifsinitialement prévue
     
  • Le dispositif d’aide aux départs devra être compatible de la charge de travail tant sur le Stratégique que le Spatial, avec en point majeur la sanctuarisation de toutes nos activités contractuelles dont celles liées aux premiers vols d’Ariane 6
     
  • Des incitations à quitter la société suffisamment attractives afin d’avoir exclusivement des départs volontaires
     
  • Maintenir nos compétences en dépit de ces départs ; maintenir un flux de recrutements externes ciblés pour assurer la reprise
     
  • Des aides fortes aux mobilités internes comme externes vers Airbus et Safran notamment (la CFE-CGC le propose depuis mi-2020 !)
     
  • Des dispositions individuelles et collectives pour reconnaitre et récompenser l’engagement des salariés qui vont rester pour relever les défis : politique salariale, prime, épargne salariale, … 

L’enjeu social du moment

La CFE-CGC le dit sans détours : « le cochon est dans le maïs » et ArianeGroup y est la cible principale.

Il ne s’agit pas aujourd’hui de réécrire l’histoire car on ne refait pas le passé avec des « si ».

Le moment est venu où chacun doit prendre ses responsabilités pour négocier en toute connaissance de cause des dispositions qui atténuent les conséquences sociales de l’effritement de notre carnet de commandes tout en préservant notre capacité à rebondir.

La CFE-CGC est consciente de la responsabilité que lui confère sa place de 1ère organisation syndicale chez ArianeGroup comme Arianespace ; nous y prendrons toute notre part.

Derrière « carnet de commandes », « plan de charge », « Chiffre d’Affaires », « Résultat », « OP », … il y a des femmes et des hommes, des familles, des trajectoires professionnelles et des vies familiales qui en dépendent. Bref, de l’humain.

La négociation d’un statut commun renvoyée à des jours meilleurs

La CFE-CGC souhaite depuis toujours construire un statut commun à tous les salariés. Mais nous disons aussi depuis des mois qu’harmoniser la structure de rémunération sans budget relève de la quadrature du cercle.

ArianeGroup n’a pas les moyens de cette négociation ; dans ces conditions, le statu quo s’impose jusqu’à des jours meilleurs. La Direction semble l’avoir enfin compris en reportant ce dossier.

La CFE-CGC demande que les statuts de nos sociétés d’origine soient prolongés au moins jusqu’à fin 2023 car nous aurons la visibilité qui nous fait tant défaut aujourd’hui (Ariane 6 volera, l’ESA disposera d’un nouveau mandat suite à la ministérielle de fin 2022, …).

Nous demandons que la Direction mette le nouvel avenant de prolongation des statuts à la signature dès maintenant. Les salariés ont besoin de visibilité, donnons-là leur.

Un besoin de décisions positives

La Direction Générale « n’a pas la main » sur les leviers pilotés par des éléments externes (prix de vente des lancements civils, engagements européens, …).

En revanche la Direction a toute latitude pour :

  • Prendre soin de son corps social
     
  • Prendre des décisions positives (notamment en écoutant plus les organisations syndicales !)
     
  • Reconnaitre l’engagement et le professionnalisme des salariés

Pour la CFE-CGC, ceci commence par la négociation de la politique salariale qui va prochainement s’ouvrir…

17 JUIN 2021